Championnat Senior 2014/15 : Journée 10 : ES Pennoise – CIC D : 0 – 6

Reportage Batbeu J
Lundi 16 Février 2015 : 10 ème Journée de Championnat poule B au stade de la fourragère à 19h15 :
ES Pennoise – Celtic Irish Club D : 0 – 6
Une jolie soirée au pub avec 6 joueurs de la D, et joueurs de la A on va dire pour la plupart vétéran, n’est ce pas Jérôme B………

Requiem pour la D
Comment une écrasante victoire, 6-0 faut-il le rappeler, pourrait-elle sonner le glas d’une équipe ? Les honneurs des buts marqués, le match survolé, le score de poussins ne peuvent qu’être révélateur d’une domination positive et sans tâche. Et pourtant. C’est bien chargé d’une gerbe de fleurs mortuaires que je m’avance pour écrire ce résumé.
Tandis que je terminais une harassante journée de quatre heures de cours correction des copies comprises, je goûtais avec joie au retour à la compétition. Les ravages de la vieillesse ou de la nonchalance m’avaient tenu éloigné des terrains un certain temps. J’avais ouï dire que nous avions perdu quelques rencontres mais je mettais cet état de fait sur le compte de l’hiver, période avare de générosités footballistiques. Loin de moi l’idée convenue du « tout-va-mal » souvent accompagnée de sa petite sœur « c’était-mieux-avant ». Pour ne pas comprendre le monde d’aujourd’hui on sacralise le monde d’hier. C’est connu. Reniflant mon sac de foot, j’hésitais entre le fumet d’un maroilles dix ans d’âge ou l’arôme du parfum de ma maîtresse de CP, feu Madame Drujon. Je me décapsulais une H pour la route et, clope au bec, je me dirigeais à toute berzingue en direction du stade de La Fourragère, bientôt en vue et toujours aussi grand, à bord de ma fringante Opel familiale un litre six.
En entrant dans le vestiaire, une petite musique se fit entendre. Étais-je le seul à la percevoir ? Je ne sais. En tous les cas, je la reconnus immédiatement cette mélodie du malheur, sournoise et lancinante. Celle du vestiaire éteint, celle de la dissension entre les joueurs, celle d’unités séparées qui croient former une équipe. Ni tambours ni trompettes pour jouer cette funèbre partition. Le silence des absents n’est pas anodin. Celui d’Antho la Lourde qui boude depuis trois semaines, celui de notre entraîneur Manu, à l’origine de la D. A-t-on déjà oublié les choix judicieux qui furent les siens, associant jeunesse et expérience, faisant le pari gagnant de réunir des joueurs de tous horizons ? Si je prends mon cas, quand je suis arrivé je ne connaissais qu’Espo (en plus svelte) et Lolo à qui j’avais pris son carnet de correspondance. Et quels plaisirs furent au rendez-vous ! Les tracas superfétatoires que Bernardo a subis en fin de saison l’année dernière de la part du CIC étaient peut-être un signe. Sans doute ont-ils laissé des traces. Le CIC est une grand-mère exigeante qui a besoin de tous ses petits-enfants autour de la table. Il faut que la durée de vie d’un entraîneur soit brève me diront certains. Je ne le crois pas.
Après un discours d’avant-match de Philou qui a le mérite d’être clair même si Romain ne peut s’empêcher de le remettre en question, nous entrons sur la pelouse. En face, une équipe de vétérans qui commence à dix dont le seul danger est un petit numéro 8 extrêmement vif. Jaja fait semblant de se blesser pour laisser jouer Fredo. Béné écrase sa clope tout en prenant un ballon de la tête. Lolo désosse déjà son latéral. Un match à sens unique. Deux têtes de Papa, deux zéros à la mi-temps. L’ennui le dispute à quelques altercations. Classique.
D’un match inoffensif à partir duquel il eût été bon de rebâtir, nous avons versé dans la bêtise la plus crasse. Accusant l’arbitre de tous les maux – la plaie du football moderne faut-il le rappeler – et condamnant l’adversaire de tous les travers, nous avons donné raison à ceux qui pensent que notre sport est pratiqué par des abrutis. La seconde période fut une succession de situations navrantes, commentées et surcommentées alors même que Philou avait insisté sur le silence, vertu des bienheureux. Cissou, après un attentat, ouvrait un débat qui ne se referma plus de tout le match. Notre gardien, plus souvent au milieu du terrain que dans ses cages, montait en épingle une histoire de klaxon dans les tribunes. Max, de son piédestal, donnait des conseils de pédagogie à l’arbitre et évaluait intellectuellement nos adversaires. Un tel brouhaha ne laissa que peu de place à Béné pour s’exprimer : c’est dire ! De cette cacophonie absurde que pouvait-il sortir de bon ? 6-0 diront certains. Du vent et de la merde diront d’autres. Une forte odeur de chrysanthèmes dirais-je. Enfin, nous avons fait honte à notre invité prestigieux du jour, Jumeau : plus de monde pour l’engueuler
que pour lui confier le ballon…
Habillé de noir, je m’avance donc en cette matinée brumeuse pour adresser mes condoléances à Manu. Au fond du trou, j’aperçois un cercueil de bois précieux sur lequel est gravée la lettre D. J’écrase discrètement une petite larme comme le jour où nous avions perdu en Coupe de France avec Schramm. Soit on est une chochotte soit on ne l’est pas. Les enterrements ont parfois des avantages. Passée l’amertume, revient le goût plus puissant encore de l’existence. Ou pas.

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